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Le Mythe
D'OXSOS et de

KERVA

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En Silence

Je me nomme Oxsos. J’étais jadis le plus grand des chasseurs de la cité lingonne d’Andemantunnum. Il n’était pas une bête qui puisse me résister, la forêt était mon domaine. Cette histoire débute au cours d’un matin de printemps : du haut des fortifications, les guetteurs avaient aperçu une biche au pelage blanc et brillant, d’une rare majesté. Je devais absolument enrichir ma collection de trophées de cette extraordinaire proie.

Des ronces et des crevasses. Dix jours durant, je m’étais engagé dans une traque des plus périlleuses, qui virait à l’obsession. Jusqu’à là restée désespérément infructueuse, cette chasse m’avait mené jusqu’aux forêts sacrées du sud, à plus de 5 lieues de la cité. Ce soir là, une pluie battante se déclara, et je me mis en quête d’un abri. C’est alors que j’aperçu la lueur d'un feu. Dans l’ombre, elle dessinait les pourtours d’une hutte de pierre au milieu des bois.

« Ne vous approchez-pas ! »... Je tombais nez à nez avec une jeune femme, tremblante, dévêtue et tapie dans l’ombre, elle semblait égarée. Je lui répondis que je ne lui souhaitais aucun mal et je sortis de mon paquetage une couverture afin qu’elle puisse se couvrir. « Je ne cherche qu’un endroit sec pour passer la nuit, me ferez vous une place près du foyer ? » Elle ne répondit pas. « Il pleut, et tout le monde sait que je déteste l’eau », rétorquais-je avec humour.

Cette sottise eu le mérite de faire naître un sourire timide sur le visage de la belle inconnue. Après quelques silences pesants, nous parvenions à entamer une conversation. Elle me dit s’appeler Kerva. Du reste de ses mots, je ne m’en souviens pas. A vrai dire, j’étais comme hypnotisé : elle avait des cheveux d’argent et des yeux d’ambre dans lesquels je m’étais perdu dès mon arrivée. Pour nous réchauffer, nous finissions par nous enlacer, ensuite… je garderai pour moi le souvenir des moments qui suivirent.

Allais-je la revoir ? Qui était-elle ? Dans les brumes d’un timide sommeil matinal, je me mis à penser que pour une telle créature, je troquerais bien volontier mon arc contre une charrue, et mon sac de voyage pour une masure confortable. Mais cette pensée agréable fut de courte durée, un courant d’air sur mes épaules me murmura qu’elle n’était plus là.

D’un bond jusqu’à l’entrée de la hutte, je me mis à scruter avec panique les alentours : elle avait disparu. Je m’assis, et restais là une heure au moins, les yeux rivés sur le sol : cette vie ne serait donc jamais pour moi, je demeurerai une brute solitaire avec pour unique compagnie, quelques arbres et quelques roches.

Puis… Une branche craqua. Cette biche, mon prix, ma proie, la créature qui m’avait mené jusqu’à là me regardait droit dans les yeux. Mon orgueil n’y vit que du défi. Je me ruais alors sur mon arc : qu’importe Kerva, je repartais à ma traque. Cette dernière fut de courte durée : l’animal, acculé, se retrouva piégé au pied d’une falaise dont je lui interdisais toute retraite.

Sans la moindre hésitation, je décochais une première flèche. A ce moment précis, le scintillement de son pelage me sembla familier. C’était absurde, je décochais une seconde flèche qui la fit s’écrouler. Je remarquais alors la flamme qui brulait dans ses yeux, ardente, semblable à celle qui m’avait envoûté quelques heures auparavant.

Comme pour me défaire cette impression terrifiante, je décochais avec frénésie une dernière flèche. Mais lorsqu’enfin je m’approchais de ma victoire à pas lents, il n’y avait là plus aucune bête. Il n’y avait plus que Kerva, trois de mes flèches, et l’annonce de ma terrible destinée.

A genoux, je ne discernais plus ni le rêve, ni le cauchemar de la réalité. Qu’avais-je fait ? Je n’eu pas le moindre répit, pas la moindre chance de comprendre ce qu’il m’arrivait : Le ciel s‘assombrit, la terre trembla et tout mon corps en fit de même. Dans une souffrance indescriptible, je sentis de longs bois transpercer mon épaisse chevelure noire, mes mains s’engourdirent et je perdais l’usage de mes doigts, tordu de douleur, mes chaussures de cuir firent place à d’effroyables sabots...

Mon nom est Oxsos et je suis devenu la proie. Un cerf noir que quelques solitaires traquent sans relâche. Je n’ai pour seule compagnie, que quelques arbres et quelques roches, et j’ai hérité de la malédiction de la belle Kerva. Qu’avait elle bien pu faire pour mériter cela ? Nul ne le sait. Les lois du dieu cornu, qui règne sur les profondeurs et les forêts n’ont pas à être jugées par les mortels, et mon avidité m’aura conduit jusqu’à sa sentence.

Au mépris du risque, il m’arrive souvent de m’aventurer sur les lieux de cette tragédie. Nos dieux veillent à l’équilibre entre les êtres de chair et la nature, ce qu’ils prennent, ils le rendent toujours : de mes larmes, de la terre et du sang de Kerva, jaillirent des milliers de brins d’orge, qui se répandirent du pied de cette falaise jusqu’aux étendues fertiles alentours.

Aujourd’hui encore, notre peuple les cultive en abondance et avec passion. Mon jugement leur aura offert ce miracle, cette richesse inestimable.

Chaque année au printemps, d’Olonna jusqu’à Divio, les Lingons ne manquent pas d’honorer le nom de Kerva durant les fêtes d’Ostara, et de s’abreuver d’une boisson maltée au goût incomparable et que le monde connu tout entier nous envie.

Aujourd'hui, La Brasserie Distillerie LINGONE perpetue la légende de KERVA